Solitude de l’écrivain ? État des lieux

Écrivain.

Un simple mot, mais auréolé de notoriété, d’aventures et de gloire…

Tous les auteurs ne sont pas connus, célèbres, ni aimés.

Pourtant, avoir ce petit mot, « écrivain », sur sa carte de visite, ouvre bien des portes.

Écrivain…

Un écrivain est une personne qui pratique l’art d’écrire.

Cela sous-entend, pour le commun des mortels, que cette personne est intelligente, cultivée, qu’elle a fait des études, qu’elle sait écrire, parler; et que son instruction, sa culture, sont très au dessus de la moyenne des autres gens.

Quand un auteur n’est pas titulaire d’une armada de diplômes, on dit de lui qu’il est « autodidacte », qu’il a appris tout seul…

Et « tout seul » est le mot clé permettant de comprendre ce qu’est un écrivain :

Il est seul, et fait tout « tout seul »…

Écrivain est synonyme de solitude…

C’est un artisan, une personne qui fait un travail manuel, qui exerce une technique traditionnelle, un art, celui d’écrire, un travail solitaire à son compte…

Dans sa vie privée, un écrivain, qu’il soit un homme ou une femme, peut être très entouré, issue d’une famille nombreuse; avoir des quantités astronomiques d’amis; être « chef de meute » dans son quartier; un bout-en-train très apprécié.

Les relations qui entourent quelqu’un n’empêchent pas cette personne d’être un artisan-qui-écrit-tout-seul.

Solitude n’est pas désert.

Pourtant, beaucoup d’auteurs souffrent de la solitude de la création.

Les différents liens qui relient les humains : amour, amitié, haine, passion, obligation…; ces liens, ou leur absence, créent l’ambiance de vie d’un humain; et sont les fondements passagers de son bonheur ou de sa frustration.

La solitude du créateur, de l’artiste, est un espace obligatoire dans lequel exprimer sa créativité. Ce n’est pourtant pas toujours un désert épouvantable.

Un de mes auteurs, Hans-Rudolph, prend son thé, tous les matins à 7 heures, dans un café du centre ville. Il y écrit une heure, au milieu du brouhaha des gens pressés qui partent au travail. Puis, vers 8h, il range son matériel dans sa sacoche, et marche dans la ville.

Vers 9h, il s’installe en terrasse, face au marché couvert permanent, magnifique bâtiment des années folles, au fer forgé artistiquement ouvragé. Là, il petit-déjeune. Café, croissants 🥐 et limonade maison. Il pianote une bonne heure, re-commande plusieurs boissons, et avance ses écrits. Vers 11 heures, il prend sa sacoche et déambule dans les vieux quartiers. Il observe, regarde, admire : l’architecture, les gens, les pigeons sur les toits, les nuages, dans les bouts de ciel entre les toitures…

Quelques photographies prises avec son smartphone.

Vers midi dix, Hans-Rudolph s’installe pour déjeuner. 

Plat du jour et dessert. Avec trois cafés et un verre d’eau.

Puis il corrige son travail du matin.

Vers 13 heures, il s’achemine vers le collège, pour croiser ses enfants qui sortent de la cantine. Papotages en famille. Vers 14 heures, il rentre à son domicile, se prépare une grande théière chaude et parfumée, et s’enferme dans son bureau jusqu’à 19 heures.

Il file alors sous la douche, puis mange en famille. Sa soirée sera consacrée à son épouse et ses enfants. Cet emploi du temps, bien détaillé, est la vie de cet homme du lundi au jeudi, 4 jours par semaine. Tous les vendredis, il tond la pelouse et s’occupe de son jardin potager. Les samedis, il transporte ses enfants à leurs différentes activités. Et le dimanche, c’est lui qui cuisine, pour ses parents, grands-parents et toute la fratrie.

Hans-Rudolph a une vie bien remplie et bien organisé.

Pourtant, il se sent isolé, et dit souffrir de solitude, au milieu de l’environnement plein de monde d’une grande ville.

S’il ne jalouse pas la vie des employés des hypermarchés ou des usines, il leur envie pourtant la camaraderie des pauses café ☕️, ou l’entr’aide des journées de grève et autres mobilisations sociales. 

Écrire un manuscrit, c’est environ deux ans de sa vie au service des lecteurs futurs, plus de 800 journées sacrifiées, à mettre bout à bout des sensations, des impressions, des ressentis; et les assembler pour raconter une histoire…

Seul face à son destin.

C’est sa phrase préféré pour expliquer sa souffrance de Solitude.

Dernièrement, Hans-Rudolph m’a dit avoir été surpris par quelque chose de lui-même.

Une prise de conscience que sa solitude, au milieu de sa vie remplie de gens, viendrait d’un ressenti de son enfance; celui de faire partie d’un tout, le groupe : familial, celui des copains, celui de l’école, celui du quartier, celui de l’équipe sportive…

Et qu’en passant la barrière entre l’enfance et l’âge adulte, l’effet rassurant des différents groupes s’est tari. Le petit Hans, partout chez lui, partout protégé, s’est retrouvé tout seul. Grand, mais solitaire.

Son métier n’y est pour rien. C’est devenir adulte qui isole au milieu des autres.

La dernière journée protégée de sa vie, c’est la grande fête de son mariage.

Puis, le cocon protecteur a disparu. Le lendemain de ce jour mémorable, il est devenu responsable. Responsable de ses choix; responsable de son épouse et du bien-être qu’il lui doit, désormais; responsable de la sécurité des autres, sur la route; responsable de la vie de ses enfants; responsable de la sécurité de son quartier; de sa ville; de son pays (par ses votations)… Être responsable est devenu son quotidien, avec son lot de tracas et de problèmes à résoudre; de solutions à trouver, à inventer…

Toute sa vie a basculé dans la responsabilité, cette lourde charge qui vient avec l’âge adulte. Et cela, il lui faut désormais l’assumer seul, tout seul.

C’est cela la solitude de sa vie.

Elle ne vient pas de son métier d’auteur.

Dans les faits, ce métier qu’il s’est choisi, Écrivain, est l’ancrage de sa vie, sa sécurité.

Bizarrement, l’incertitude de la création est devenu sa sérénité.

Et, depuis qu’il a compris tout cela, sa créativité lui a révélé la grande force en lui, celle qui alimente son quotidien.

Et Hans-Rudolph de conclure : 

« Être Écrivain, c’est accepter d’être un créateur permanent.

La création peut prendre bien des formes.

Mais dans notre vie d’humain, il n’existe que deux sortes de gens :

Ceux qui créent, et les autres, qui se nourrissent des créations.

Et la solitude, c’est simplement l’espace vide qui attend d’être rempli, par la créativité. »

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui.

N’hésitez pas à commenter ou à poser vos questions.

Merci d’avoir lu cet article.

En attendant, une toute bonne journée à chacune et chacun.

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