Est-ce que les éditeurs lisent vraiment les manuscrits, avant de les refuser ?

Toute l’année, je reçois, par la poste, des sacs de courrier contenant des lettres, des colis et de grandes enveloppes matelassées, contenant des manuscrits. Certains sont des impressions A4 recto non numérotées; d’autres sont des impressions façonnées et collées comme des mémoires universitaires; d’autres encore, sont de véritables livres, imprimés à l’unité ou en petites séries, par des services en ligne de type « imprimez vos albums photos »; d’autres enfin, sont des simples clefs USB, exagérément emballées dans du papier bulle, avec collée dessus, une étiquette signalant : « ce document est protégé par le droit d’auteur »…

Quelque soit le contenu, je réponds toujours. Chouette, me direz vous, je vous envois mon manuscrit tout de suite… Attendez, ne vous précipitez pas, informez vous d’abord.

Car oui, je réponds toujours, mais je n’édite que 10 à 14 livres par an !…

Tout d’abord, soyons clair, parlons vrai :

* 80% des manuscrits reçus ne correspondent pas à notre ligne éditoriale. Donc, de ce fait sont refusés, et renvoyés. Souvent avec regret, car la qualité du travail de l’auteur est excellente, mais ne correspond pas à nos choix d’édition.

* 15% des manuscrits sont sur clefs USB ou reçus en .pdf par mail. Ceux là, nous ne les ouvrons pas, ne les lisons pas. Nous échangeons bien des fichiers par mail avec nos auteurs, mais pas au stade « découverte du manuscrit », sans connaître notre interlocuteur.

* 5% des manuscrits sont lus et estimés par notre comité de lecture. Si 50%, ou plus, des membres du comité de lecture renvoient une fiche approbative, nous éditons; autrement, nous n’éditons pas.

Pour information, notre comité de lecture est bénévole, et comprend 38 membres. Le manuscrit passe d’un membre à l’autre, et chacun rempli une fiche de lecture pour chaque ouvrage, en donnant son point de vue. Si 19 ou plus des membres du comité approuvent, le livre est édité.

Pourquoi je vous raconte tout cela ?; Pour que vous compreniez que, sélectionner un ou des livres à éditer, est une activité importante, chronophage et réalisée consciencieusement par les éditeurs. Bien sur, je ne peux parler que pour la maison à laquelle j’appartiens, mais je reste convaincu qu’une grande majorité d’éditeurs fait ainsi.

Alors, est-ce que les éditeurs lisent vraiment les manuscrits, avant de les refuser ?; S’ils entrent dans la ligne éditoriale, oui. Et c’est là le secret : Si vous désirez avoir une réponse rapide, accompagnez votre manuscrit d’informations primordiales : une fiche d’identité de l’auteur et une de son livre. Cette fiche-auteur doit contenir vos noms et adresse, adresse mail, téléphone, et quelques lignes vous présentant, et le nom d’auteur que vous vous êtes choisi. Le CV de votre livre doit informer de son titre, du sujet traité, de la catégorie à laquelle vous pensez qu’il appartient, et d’un résumé rapide, permettant de survoler son thème principal. Et surtout, vous devez signaler si votre ouvrage a déjà été édité ou pas.

Par exemple, aux éditions Abondance, nous n’éditons pas des livres ayant déjà été édités, cela fait parti de notre choix éditorial.

Lorsque nous ouvrons votre lettre/colis, nous lisons vos fiches d’informations, et savons, de suite, si votre ouvrage entre dans la potentialité d’une édition, chez nous. Si ce n’est pas le cas, nous vous le retournons dans la semaine, avec une lettre de refus indiquant que « votre manuscrit n’entre pas dans notre ligne éditoriale ». Dans ce cas, nous ne vous faisons pas attendre, et nous ne perdons pas notre temps non plus. Dans ce cas, nous n’avons pas lu votre livre.

Si vous n’avez pas mis de lettre explicative sur vous et votre résumé de manuscrit, c’est la première personne qui lit le manuscrit qui s’aperçoit, au bout de quelques pages, qu’il ne correspond pas à la ligne éditoriale… Et il vous est retourné.

Mais bien souvent, sans lettre jointe de l’auteur, nous n’avons pas vos coordonnées et ne pouvons pas vous joindre… Dommage !…

Mon conseil sur le choix de la maison d’édition : Il est impératif de choisir une maison d’édition qui édite des catégories dans lesquelles votre livre peut être référencé. En effet, si vous écrivez un ouvrage d’actualité, relatif aux élections présidentielles de 2017, et que vous le postez en direction d’une maison d’édition qui est spécialisée dans le développement personnel, vous perdez votre temps, votre argent investi dans l’expédition et l’impression, et celui de la maison d’édition qui n’éditera pas votre écrit.

D’autre part, choisir une maison d’édition, c’est aussi choisir une qualité de travail de l’équipe d’édition. Je m’explique : le style d’une collection, la manière d’agencer l’écrit, rendent un livre plus agréable à lire qu’un autre. Avez vous déjà lu un livre dont le rythme de lecture est souple et agréable ?; Vous vous dîtes, dans ce cas là :  « que cet auteur écrit bien… »; Bien souvent, la qualité d’écriture de l’auteur va de paire avec la qualité de la mise en page des techniciens qui gèrent le montage de l’écrit dans la page. Si la mise en page est soignée, avec peu de coupure dans les mots, et que chaque page se termine sur la fin d’un paragraphe, le confort de lecture peut en être décuplé.

Ce propos est pour étailler le choix conscient de la maison d’édition.

Un autre élément est à prendre en compte : la couverture du livre.

Bien des auteurs présentent leur manuscrit avec une couverture réalisée par leurs soins, ou dessinée par un graphiste qu’ils ont payé pour cela. La surprise est donc grande, lorsque l’auteur reçoit de son nouvel éditeur la maquette définitive de son livre, et découvre, avec stupeur, que sa fabuleuse couverture a été changé.

Nous comprenons que le livre d’un auteur est son « bébé », et qu’il s’estime le mieux placé pour en définir le contenu, la présentation, la couverture et les illustrations. Toutefois, une maison d’édition est une entreprise spécialisée dans l’édition. Son expérience et ses compétences dans ce domaine, liées à sa connaissance poussée du marché auquel elle destine ses produits, en font un expert de la mise en page et de la conception de couverture, destinées à une clientèle qu’elle connaît bien.

La guerre de la décision concernant la couverture d’un nouvel ouvrage ne peut pas être gagnée par un auteur. Avant d’expédier son manuscrit, il doit mieux connaître la maison d’édition qu’il choisit, avoir lu quelques uns des livres que cette maison a publié récemment, et aimer les couvertures, et le style global de la collection dans laquelle il aimerait voir incérer son livre.

Choisir son éditeur avec soin, revient à faire une étude de marché pour son produit/livre. Si vous savez à qui vous l’avez envoyé, vous saurez qui sont les clients qui seront susceptibles d’acquérir votre propre ouvrage; et vous ne serez pas désagréablement surpris de la forme que prendra votre livre, s’il est accepté par cet éditeur.

Voilà, vous en savez un peu plus sur le sujet « Est-ce que les éditeurs lisent vraiment les manuscrits, avant de les refuser ? »

N’hésitez pas à commenter ou à poser vos questions.

Merci d’avoir lu cet article.

En attendant, une toute bonne journée à chacune et chacun.

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2 réponses à Est-ce que les éditeurs lisent vraiment les manuscrits, avant de les refuser ?

  1. Tayak dit :

    Bonjour et merci pour ces précisions. Je croyais que pour être édité, c’était soit du copinage, soit aucune chance; que les éditeurs les lisaient jamais les manuscrits… Votre article donne de l’espoir. Merci

    • Béatrice Editrice dit :

      Merci Tayak, vous donner espoir de réussir est une belle récompense, et la raison d’être de ce blog.
      Feuilletez en les articles. Vous trouverez sûrement matière à plus d’espoir, et si l’envie d’écrire est au rendez vous, vous arriverez quelque part, avec une bonne dose de persévérance, bien sûr 🙂

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